Le crime pédophile
Comme le souligne Jean-Claude Guillebaud (1998), le rôle déclencheur des faits divers est une constante de l'histoire sociale. Si les années 60 et 70 furent celles de la tolérance ambiguë de la pédophilie, les années 80 et 90 furent celles de la prise de conscience et de l' « insurrection morale » contre les crimes qui lui sont associés. L'affaire Dutroux en Belgique ponctue une série de scandales antérieurs et paraît emblématique à un double titre : par l'atrocité des crimes commis et par l'ampleur de la réaction populaire, politique, judiciaire et médiatique. Le psychanalyste Serge André (1999) signale un paradoxe : Dutroux n'est probablement pas un pédophile et c'est à tort qu'on associerait les faits qui lui sont reprochés avec la pédophilie, c'est-à-dire avec l'amour électif des enfants prépubères- amour étant entendu dans son sens le plus large, du registre platonique jusqu'à l'acte sexuel le plus cru.
Le cas de Marc Dutroux serait beaucoup plus proche de celui de Gilles de Rais, ce psychopathe célèbre du XVème siècle qui aurait violenté, torturé et assassiné des dizaines d'enfants en s'inspirant, disait-il, de l'exemple de certains empereurs romains, que de ceux de pédophiles avérés qu'ont été, entre autres, et je cite toujours Serge André (1999), Lewis Carroll, André Gide, Henry de Montherlant, Roger Peyrefitte ou Roland Barthes.
Si le crime de Dutroux est représentatif d'une pulsion, c'est de la pulsion sadique dont une expression malheureusement fréquente est la maltraitance des enfants. L'indignation populaire, les mouvements de foule et le battage médiatique, loin de permettre une réelle « prise de conscience », ont accentué les effets d'amalgame et de confusion (entre pédophilie et sadisme par exemple).
Serge André souligne également l'aspect mercantile de ces crimes dits pédophiles qui en fait la singularité et la modernité. Les enfants séquestrés ne sont plus destinés à quelques clients riches mais à la fabrication de documents pornographiques et sadiques qui peuvent aller jusqu'aux « snuff movies » mettant en scène (de manière fictive ou pas) des enfants torturés jusqu'à la mort. Ces images auraient une valeur marchande infiniment supérieure à celle des enfants eux-mêmes. Il y a là une réalité, une logique économique qui fait de l'image de pornographie juvénile l'objet d'un marché lucratif et du pédophile lui-même un client, un consommateur que des « entrepreneurs », pas forcément pédophiles eux-mêmes, cherchent à solliciter.
Marc-Alain Wolf, M.D.
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