Savez-vous comment fait l’Italie avec la psychiatrie ?
(Tiré de la Direction Départemental des Affaires Sanitaires et Sociales du Val-de-Marne du 23 Septembre 2003)
L’exemple italien
Il est particulièrement intéressant, dans ce climat d’interrogation, de se pencher sur l’organisation des soins psychiatriques dans d’autres pays.
Pourquoi l’Italie, parce que l’Italie s’est fixé des objectif assez semblables à ceux qui sont les nôtres et qui sont le socle de notre politique de secteur : Continuité des actions de prévention et de soins dans une aire géographique donnée ; Amélioration de l’image du malade mental et de ceux qui le soignent dans la société : Désinstitutionalisation.
La manière dont l’Italie a procédé pour atteindre ces objectifs est par contre très différente de la notre.
Les premières expériences de désinstitutionalisation ont démarré dans les années 1960. Il faut bien entendu citer Franco Basaglia et de multiples expériences dont les plus connues sont celles de Gorizia, Trieste, Arezzo, Pérouse, Reggio, Emilia, Parme, Ferrare.
L’Italie a fait le choix de l’adoption d’une loi, la loi 180 du 13 mai 1978 qui organise le dépassement de l’hopital psychiatrique.
Partant du constat d’une souffrance institutionnelle, l’objectif n’était pas de « déshospitaliser » avec le risque d’aboutir à un simple déplacement des malades dans des « petits hôpitaux psychiatriques » mais bien de « désinstitutionnaliser », c’est à dire d’aboutir à une transformation de toutes les compétences professionnelles.
Il s’agissait en Italie, de trouver des solutions adaptées à chaque patient hospitalisé, alors que nombre d’entre eux étaient dans un isolement social total. Plus largement, il a fallut surtout organiser le maillage des services sur le territoire.
Les grands principes qui guident la réforme de la psychiatrie italienne sont les suivants :
- Le déplacement de l’intérêt centré sur la maladie seulement vers la personne et ses handicaps sociaux.
- Fermeture progressive de tous les hôpitaux psychiatriques avec arrêt des admissions progressif.
- Mise en place dans les hôpitaux généraux d’unités psychiatriques de 15 lits maximum.
- Limitation des hospitalisations sous contrainte. Avant 1978 l’hospitalisation sous contrainte était une mesure prise par la police à partir d’un certificat médical et sur les critères de dangerosité. Depuis 1978 le traitement sanitaire obligatoire est réservé aux seuls cas de soins.
- Création de services territoriaux de santé mentale qui fournissent la totalité de la gamme de soins pour la population.
- Partenariat avec les coopératives sociales.
- L’élargissement des compétences des professionnels et des non professionnels qui sont mises en commun.
L’Italie a donc fait des choix radicaux en matière de désinstitutionalisation et d’organisation des soins dans la communauté. Ces questions sont au cœur de celles que nous nous posons en France et que nous devons traiter localement dans le Val-de-Marne et en Ile-de-France dans le cadre du prochain SROS (schémas régionaux d’organisation sanitaire -Auteur du site-) La situation italienne vingt cinq ans après la mise en œuvre de la loi 180 ne peut qu’éclairer nos choix et nous aider à réfléchir et à agir.
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